Contributeurs:
État de publication: Publiée (2024 )
Type de rapport: Rapport de recherche
Titre de la collection: ÉCOBES – Recherche et transfert
Institution: Cégep de Jonquière
Lieu: Jonquière, Canada
ISBN: 11185
URL: https://crispesh.ca/app/uploads/2024/10/Rapport_11185_VD.pdf
Résumé: Le nombre de personnes étudiantes ayant un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) serait en forte progression dans le réseau collégial. Le TDA/H affecte les fonctions cognitives et, plus particulièrement, les fonctions attentionnelles et exécutives (mémoire de travail, planification, résolution de problèmes, etc.), ce qui occasionnerait des difficultés scolaires marquées. Également, les personnes étudiantes ayant un TDA/H seraient proportionnellement plus nombreuses que celles sans TDA/H à présenter des problèmes de sommeil. Or il faut savoir qu’un sommeil de qualité ou de quantité insuffisante peut non seulement aggraver les symptômes du TDA/H, telles l’inattention et l’hyperactivité, mais aussi empirer les fonctions cognitives déficitaires du TDA/H, ce qui peut influencer négativement la capacité à apprendre. L’objectif général de ce projet est d’améliorer nos connaissances sur le fonctionnement cognitif et les capacités d’apprentissage de personnes étudiantes du collégial ayant un TDA/H, une population qui serait particulièrement vulnérable en termes de réussite scolaire. Les objectifs particuliers sont : 1) identifier les problèmes de sommeil chez les personnes étudiantes ayant un TDA/H et clarifier les liens avec différents facteurs dont le sexe, la sévérité des symptômes du TDA/H, la présence d’un autre diagnostic, les difficultés scolaires, etc.; 2) optimiser le fonctionnement cognitif de personnes étudiantes ayant un TDA/H et des problèmes de sommeil par l’entremise d’un protocole expérimental incluant une intervention cognitivo-comportementale (ICC) dédiée à solutionner les problèmes de sommeil, et 3) formuler des recommandations pédagogiques pour le personnel enseignant et professionnel ainsi que des recommandations pour renforcer les capacités d'apprentissage des personnes étudiantes ayant un TDA/H, et ce afin d’augmenter leurs chances de réussite. Un devis mixte reposant, d’une part, sur un questionnaire en ligne visant les personnes étudiantes ayant un TDA/H du Cégep de Jonquière, du Cégep du Vieux Montréal et du cégep de Granby et, d’autre part, sur un protocole expérimental visant 30 personnes étudiantes ayant un TDA/H et des problèmes de sommeil permettra de répondre aux objectifs. Plus particulièrement, le protocole expérimental comportera des mesures objectives de sommeil (actigraphie), des mesures cognitives (attention, fonctions exécutives) ainsi que des entrevues de groupe semi-dirigées. En prenant des mesures avant et après l’ICC, il deviendra possible de vérifier si le fonctionnement cognitif et les capacités d’apprentissage se trouvent dûment augmentées à la suite de l’ICC, et ce, en plus d’améliorer le sommeil et de réduire les symptômes du TDA/H. L’analyse des résultats du questionnaire a montré que les personnes de sexe féminin rapportaient davantage de symptômes de TDA/H, d’anxiété et de troubles de santé mentale que celles de sexe masculin. Également, des symptômes de TDA/H plus sévères allaient de pair avec des atteintes fonctionnelles plus importantes dans les sphères de la vie scolaire, du concept de soi et du fonctionnement social. De plus, une majorité de personnes étudiantes ayant un TDA/H (51,2 %) présentaient une autre situation de handicap. En outre, plus d’une personne étudiante sur deux (55,4 %) rapportait de l’anxiété généralisée; ces dernières avaient davantage de symptômes de TDA/H et d’atteintes fonctionnelles que celles sans anxiété généralisée. Qui plus est, la grande majorité des personnes étudiantes ayant un TDA/H (85,9 %) présentaient des problèmes de sommeil; ces dernières avaient davantage de symptômes de TDA/H, d’anxiété et d’atteintes fonctionnelles que celles sans problèmes de sommeil. Finalement, une majorité de personnes étudiantes ayant un TDA/H (51,7 %) rapportaient de la somnolence diurne excessive. Par ailleurs, la présente étude a trouvé que les personnes étudiantes ayant un TDA/H rencontrent des difficultés en ce qui a trait à l’attention soutenue, l’attention sélective et la mémoire de travail en modalité auditivo-verbale, mais qu'elles possèdent néanmoins de bonnes capacités d'attention partagéeet de flexibilité mentale et une augmentation de leur contrôle attentionnel et de leur capacité à retenir une réponse (inhibition) lorsque les tâches se complexifient. Les personnes étudiantes qui ont participé à l’ICC (groupe expérimental) ont rapporté, selon les questionnaires auto-administrés, une diminution de la sévérité de leurs symptômes de TDA/ H, de leur anxiété et de leurs problèmes de sommeil, ce qui n’a pas été observé chez les personnes étudiantes qui n’ont pas participé à l’ICC (groupe contrôle). Soulignons néanmoins que les personnes étudiantes qui ont participé à l’ICC (groupe expérimental) n’ont présenté aucune différence dans leurs habitudes veille-sommeil, telles que documentées par l’actigraphie, avant et après l’ICC (pré- vs post-ICC). De plus, les personnes étudiantes du groupe expérimental ont eu de meilleures performances aux quatre tests cognitifs après l’ICC, ce qui n’a pas été observé chez les personnes étudiantes qui n’y ont pas participé (groupe contrôle). Spécifiquement, l’ICC a amélioré l’attention, la flexibilité mentale et la mémoire de travail en modalité auditivo-verbale des personnes étudiantes du groupe expérimental. En outre, les entrevues semi-dirigées de groupe ont permis de démontrer que l’ICC a eu de nombreux effets positifs sur le sommeil ainsi que sur des symptômes retrouvés dans le TDA/H, incluant une diminution de l’agitation, de l’anxiété, de la détresse psychologique, des pensées qui s’emballent et de l’irritabilité ainsi qu’une amélioration de la concentration. Plusieurs recommandations sont proposées afin de : 1) informer, sensibiliser et éduquer les personnes étudiantes ainsi que le personnel enseignant et professionnel sur le sommeil; 2) inciter les personnes étudiantes à appliquer des stratégies d’autogestion; 3) encourager le personnel enseignant à adopter une approche pédagogique inclusive et, finalement; 4) améliorer les mesures d’accommodement et renverser les stéréotypes sur le TDA/H. Cette étude expérimentale a été, à notre connaissance, la première à proposer une ICC à distance pour améliorer les problèmes de sommeil de personnes étudiantes du collégial ayant un TDA/H. Les présents résultats suggèrent que l’ICC a été efficace pour diminuer les symptômes de TDA/H et d’anxiété et améliorer la qualité du sommeil perçue et le fonctionnement cognitif. D’autres recherches sont nécessaires, notamment pour vérifier si les problèmes de sommeil subjectifs sont étayés par des perturbations objectives du sommeil.
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