Visionnaire doté d’une grande sagesse, homme de parole et homme d’action, le Pr Mary Teuw Niane a offert un retour réflexif sur son expérience comme acteur et dirigeant qui a été confronté aux défis et aux enjeux qui sous-tendent l’action et les politiques éducatives. Le Pr Niane a présenté son cheminement en trois temps, soit son expérience : 1. d’enseignant-chercheur; 2. de responsable d’UFR et de recteur; 3. de ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation.
Prenant comme sources les idéaux qu’il a développés et entretenus comme enseignant-chercheur, le Pr Niane a été, depuis les années quatre-vingt, un acteur majeur dans toutes les réformes éducatives du Sénégal, et en particulier à l’enseignement supérieur. Il a présidé des commissions qui ont recommandé la création de trois nouvelles universités, dont l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis dans laquelle il a assumé la fonction de recteur. À cette institution, il a développé des filières et des centres de recherche d’avant-garde dans plusieurs domaines : en mathématique, en informatique, en sciences (agronomie, aquaculture, alimentation), en santé (médecine, sciences infirmières), en sciences sociales et humaines (éducation et sport, culture). Cette université est devenue, en Afrique subsaharienne, le principal carrefour de la recherche dans plusieurs de ces champs d’action.
À titre de ministre de l’Enseignement supérieur, il a implanté, en collaboration avec la Direction internationale de la Fédération des cégeps et l’Université Laval, un réseau d’Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP), apparentés au modèle des cégeps, visant la formation de techniciens supérieurs. Pour l’année académique 2019-2020, ce réseau offre cinquante et un programmes de formation dans cinq établissements : Bignona (3), Diamniadio (9), Matam (6), Richard-Toll (7) et Thiès (26) (voir la vidéo publicitaire SPOT ISEP-Thiès : CAMPUSEN et Rentrée 2022 - YouTube).
Le Pr Niane a créé l’Autorité Nationale d’Assurance Qualité de l’Enseignement supérieur (ANAQ-Sup) qui, appliquant les méthodes avancées dans ce domaine, accrédite les établissements publics et privés en vue d’assurer un enseignement de qualité aux personnes qui les fréquentent.
Il a fondé l’Université Virtuelle du Sénégal (UVS), une télé-université qui innove dans les pratiques de l’enseignement comodal et dans les moyens pour favoriser l’accessibilité par le recours à un réseau d’Espaces numériques ouverts (ENO) répartis sur l’ensemble du territoire (voir Eno de l’uvs – Université virtuelle du Sénégal). Entité qui répond à plusieurs besoins (besoins éducatifs, de santé, sociaux, culturels…) d’une collectivité, l’espace numérique ouvert assume sa fonction éducative en plaçant les étudiant-e-s dans un dispositif d’enseignement à distance de qualité, adapté aux réalités locales et faisant appel à la riche expertise, jusque-là peu exploitée, de la diaspora.
Le Pr Niane a partagé des réflexions sur son expérience et sur les perspectives à envisager pour développer l’éducation et l’enseignement supérieur au Sénégal et en Afrique. Comme le Québec au temps du Rapport Parent, le Sénégal et l’Afrique connaissent une démographie dont les strates les plus jeunes sont largement les plus nombreuses. Les enjeux que cette situation suscite, parmi lesquels se retrouvent l’accessibilité, la persévérance, la réussite et l’insertion professionnelle, sont des plus cruciaux pour que l’éducation et l’enseignement supérieur participent pleinement à l’épanouissement de ces sociétés.
Les questions du public ont été l’occasion de discuter de la place des femmes dans l’enseignement supérieur africain, de l’autonomie africaine versus le soutien international, des sources de financement, du développement à considérer selon des orientations relevant de la francophonie ou du monde anglo-saxon, des ordres d’enseignement à prioriser, de l’évolution vers le panafricanisme, de la conciliation entre continuité et héritage.
La téléconférence multiplateforme, organisée par la Communauté de recherche et d’entraide en éducation (CREÉ) en collaboration avec le CRIRES, le Réseau PÉRISCOPE et le Centre interdisciplinaire de recherche sur l’Afrique et le Moyen-Orient (CIRAM) a été diffusée en direct dans cinq universités sur deux continents. Cette conférence a fait l’objet de près de 1500 visionnements. La conférence peut être vue à l'adresse https://www.facebook.com/CIRAM.Laval/videos/226289269673863.
Un grand merci à Sérigne Babacar Fall, étudiant chercheur du CRIRES et coordonnateur de la Cellule Analyse des Politiques, et à Évelyne Foy, coordonnatrice de la Cellule Développement de l’Éducation pour l’organisation de cette activité.
Sérigne Babacar Fall